Montag, November 21, 2005

"Une éléction n'est pas un jeu du hazard"

L’histoire retiendra de l’élection présidentielle du 13 novembre dernier qu’elle s’est déroulée dans le calme, la discipline, bref conformément au vœu de l’écrasante majorité des Burkinabè pour lesquels ce scrutin n’est qu’un moyen de désigner le meilleur des candidats à la magistrature suprême pour présider aux destinées de la Nation pendant cinq ans.L’histoire retiendra que sur les 2'288’257 votants à cette consultation, il y a eu 202’387 bulletins nuls. Un chiffre inquiétant dans la mesure où il représente deux fois, les suffrages exprimés en faveur de Me Sankara, le poursuivant direct et lointain du vainqueur du scrutin, Blaise Compaoré. Il y a lieu de s’interroger sur l’énormité de ce chiffre. Est-ce la traduction d’une expression mûrie ou la méconnaissance du mode de scrutin? Cette question mérite réponse pour situer les électeurs.L’histoire retiendra que l’opposition politique dans son ensemble ne fait plus rêver. Les douze candidats de cette opposition au scrutin présidentiel ont été laminés de manière « humiliante » par celui du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). En remportant 80,30 % des suffrages exprimés, Blaise Compaoré n’a laissé que des miettes à ses adversaires (103’216 voix, 4,94%, pour son poursuivant direct, Me Bénéwendé Sankara).
Certains d’entre eux ne comprennent pas toujours cette déroute, si ce n’est qu’elle est le fruit d’une conspiration bien organisée depuis les centres du pouvoir. D’autres y voient plutôt le résultat de stratégies politiques d’une opposition mal inspirée, désunie où les calculs personnels ou groupusculaires l’emportent sur toutes autres considérations. C’est dire que ces candidats de l’opposition auraient réalisé un meilleur score s’ils étaient partis à cette compétition unis.
L’histoire retiendra enfin que le taux de participation est passé de 25% à la présidentielle de 1991 à 56% au scrutin de 1998 et à 57 en 2005. Un taux fort moyen.
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Pagnes de toutes les qualités, tee-shirts, casquettes, stylos, montres, affiches de tous les formats et même des slips pour recouvrir nos parties intimes, tout était bon dans ce matraquage publicitaire, effet le plus visible du déséquilibre des moyens qui a scellé, plus que tout autre argument, le sort de la présidentielle du 13 novembre 2005. Pour ainsi dire, la déferlante financière a précédé le raz-de- marée qu’on a vu, et à force de frappe financière égale, il n’est pas sûr que la victoire du candidat du CDP aurait été aussi écrasante pour ne pas dire étouffante.
Ce score soviétique de 80,30% est d’abord et surtout dû à cette débauche presqu’indécente de moyens dans un pays pauvre très endetté et qui sort de surcroît d’une famine au cours de laquelle on n’a pourtant pas vu ces nouveaux riches faire étalage d’une telle prodigalité. Combien de milliards de francs CFA ont-ils été mobilisés par le camp présidentiel pour ce scrutin ? 4 ? 5 ? 6 ? Bien plus ? On ne le saura sans doute jamais.
Une chose est sûre, au budget officiel de la campagne (un peu plus de 900 millions, dit-on) sont venus s’ajouter le trésor de guerre et la casquette personnelle du premier magistrat qui ne sera certainement pas le premier à mourir en cas de disette, les soutiens multiformes de présidents amis comme les Bongo Ondimba, Kadhafi, Faure Gnassingbé, etc., et l’apport des opérateurs économiques qui comptent dans ce pays et qui n’ont pas souvent d’autre choix que de pactiser avec le prince régnant. Ça peut toujours vous rapporter un gros marché et vous éviter quelques ennuis. Et que dire de la concurrence féroce que se livrent les gourous de la majorité et leur faire-valoir locaux, chacun voulant montrer au chef qu’il maîtrise son fief ? A fond la caisse donc, ou plutôt le tiroir-caisse.